Le fugitif de Red River by Steelman Robert J

Le fugitif de Red River by Steelman Robert J

Auteur:Steelman, Robert J. [Steelman, Robert J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Western
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE XIII

Maîtrisée, elle se contentait de dévisager son agresseur. Tenaillée au ventre par un torrent d’émotions, Ellen parvenait à masquer son bouleversement derrière une attitude faussement hautaine : petit nez en trompette insolemment retroussé ; menton volontaire ; regard hostile.

— Co… comment savez-vous mon nom ? – Au moment même où elle prononçait ces paroles la vérité la frappa en plein visage comme une gifle ; ses yeux s’agrandirent ; sa mâchoire tomba. – Philip ! Philip Rainbolt !

Il crut qu’elle allait s’évanouir. D’un seul coup ses joues s’étaient marquées de larges marbrures violacées. La sueur perlait, luisante, sur les tempes de la jeune femme dont les paupières battaient par saccades. Au bout d’un instant elle rouvrit ses yeux. Dans la pénombre les pupilles paraissaient violet foncé.

Ellen balbutiait :

— Toi !… Toi !… Toi ici !…

Comme si elle refusait encore d’y croire, elle toucha la joue de l’homme d’un doigt craintif. Son index redescendit lentement, maculé de peinture kiowa.

Philip comprit soudain l’horreur de la malheureuse lorsqu’elle avait vu la toile de bâche se soulever à l’arrière du chariot, laissant apparaître avec une lenteur circonspecte la tête cruelle et peinturlurée d’un démon rouge ! Et, bien entendu, la panique d’Ellen ne s’était en rien apaisée quand Rainbolt avait enjambé le battant pour explorer l’intérieur du véhicule : torse nu, les cheveux retenus par un bandeau vermillon, enduit de peinture de guerre, chaussé de mocassins ornés de pendeloques en fer blanc, le prisonnier évadé faisait encore plus vrai que nature ; certains guerriers kiowas, et non les moindres, auraient envié son allure de guerrier kiowa !

Averti par son instinct, l’Américain adressa à sa compagne un long regard chargé de sens : attention ! nous ne sommes plus seuls…

Effectivement, une bonne douzaine d’yeux luisants épiaient le couple à travers les œillets de la bâche. Dents-de-Granit en personne se laissa tomber de l’avant où il avait investi le banc du cocher.

— Quoi ici ?… Qu’est-ce qui se passe dans ce chariot ?

À ce moment précis, Rainbolt aperçut un cadavre, étendu de tout son long à même les planches, sur la plate-forme du véhicule. Pointant un doigt mal assuré il demanda :

— Toi !… – Il aboyait à Ellen. – Qui est ce mort là-bas ?

Elle le regarda, abasourdie. Pourquoi lui parlait-il soudain comme à un chien ? Sans doute voulait-il cacher aux Indiens les liens qui l’unissaient à la femme blanche. Elle répondit d’un ton morose :

— C’est Mr. Mason, le transporteur. Il est mort la nuit dernière. – Ellen ne parvint pas à dissimuler totalement le tremblement qui secouait ses épaules. – Le typhus ! Nous avons eu une épidémie de typhus en cours de route. Nos charretiers se sont enfuis comme des lièvres, ils nous ont abandonnés en plein désert !

— Abandonné qui ?

— D’abord le Mexicain. C’est lui qui a eu les premiers symptômes. Ils l’ont chassé à coups de revolver et l’ont laissé mourir au bord de la piste. Deux jours plus tard Mr. Mason n’a plus pu conduire son attelage, je l’ai couché grelottant de fièvre.



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